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Un rôle clé pour les lymphocytes B dans la SEP
La sclérose en plaque (SEP) est, de nos jours, la première cause de handicap chez l’adulte jeune. Néanmoins, les mécanismes physiopathologiques de cette maladie auto-immune sont toujours mal compris. Il a pendant longtemps été considéré que les lymphocytes T y jouent un rôle central. Néanmoins plusieurs études récentes semblent conférer une importance particulière aux lymphocytes B. Ainsi, lors du dernier congrès de l’ECTRIMS (European committee for treatment and research in multiple sclerosis) début octobre 2015, les essais de phase III sur l’ocrélizumab, un anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20 portée majoritairement par les lymphocytes B, ont démontré l’efficacité de ce traitement dans les formes progressives et rémittentes de sclérose en plaques. Une publication récente d’une équipe québécoise, dirigée par Amit Bar-Or, apporte des clés pour comprendre l’efficacité de ce traitement chez les patients souffrant de sclérose en plaques.
Une nouvelle population de lymphocytes B
Les auteurs décrivent dans cette étude une nouvelle population de lymphocytes B pro-inflammatoires caractérisés par la production de GM-CSF (Granulocyte Macrophage Colony Stimulating Factor). Chez les patients souffrant de sclérose en plaques, cette population est augmentée par rapport au sujet sain. Cette augmentation est corrélée à une baisse des lymphocytes B produisant de l’IL-10, une cytokine anti-inflammatoire. Ainsi les auteurs démontrent qu’il existe une balance contrôlée par l’activation des facteurs de transcription STAT5 et STAT6 qui va favoriser la différenciation en lymphocytes B producteurs de GM-CSF pro-inflammatoires au détriment de la génération de lymphocytes B aux capacités régulatrices.
Diminution des réponses pro-inflammatoires après le traitement
Ces lymphocytes B producteurs de GM-CSF induisent des réponses myéloïdes pro-inflammatoires avec la production d’IL-6 et de d’IL-12 par les macrophages. Ainsi, la déplétion des lymphocytes B chez les patients souffrant de sclérose en plaques réduit la production par les macrophages de ces cytokines inflammatoires. Ce bénéfice de la déplétion des lymphocytes B se maintient même après reconstitution. Ainsi après la reconstitution, le taux de lymphocytes B producteurs de GM-CSF est diminué et avec lui la production de cytokines pro-inflammatoires. Au total, la déplétion des lymphocytes B chez les patients atteints de sclérose en plaques à un effet anti-inflammatoire prolongé.
Une révolution ?
La compréhension de la physiopathologie de la sclérose en plaques est probablement à un tournant. Cette étude et les succès des thérapies ciblées remettent les lymphocytes B au centre du raisonnement sur cette pathologie. Cela permet une approche plus intégrée du rôle synergique des différents composants du système immunitaire, lymphocytes et macrophages, dans cette maladie auto-immune. Cette étude souligne les effets à long terme de la déplétion des lymphocytes B qui rejoint l’efficacité remarquable de l’ocrélizumab. C’est la raison pour laquelle cette immunothérapie pourrait être, dans les années à venir, un traitement central dans la prise en charge des différentes formes de sclérose en plaques.
Raphaël Bernard-Valnet
Références
Li R et coll. Proinflammatory GM-CSF-producing B cells in multiple sclerosis and B cell depletion therapy. SciTransl Med., 2015; 7: 310ra166. doi: 10.1126/scitranslmed.aab4176.
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